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Equity : Vers De Nouveaux Sommets De Croissance Des Investissements Privés en Afrique

Rien qu’au premier trimestre, la valeur totale des levées de fonds en capital privé en Afrique a presque triplé en glissement annuel. Après les bons deals de 2022 grâce notamment au boom du capital-risque -au moment où la croissance des volumes de levées de fonds se contractent ailleurs dans le monde, les experts affichent leur optimisme pour le continent en 2023.

Le marché africain du capital privé est en effervescence. Dans le contexte de crise qui prévaut dans le monde depuis la pandémie, le continent est l’une des rares régions au monde à observer une dynamique soutenue des levées de fonds et l’année en cours ne devrait pas déroger à la tendance. « Il existe un potentiel de croissance en 2023, qui se manifeste déjà au premier trimestre de l’année », déclare dans un entretien avec La Tribune Afrique Nadia Kouassi Coulibaly, responsable de la recherche, African Private Capital Association (AVCA). Entre janvier et mars dernier en effet, la valeur totale des levées de fonds a presque triplé à 1,8 million de dollars, contre 637 millions de dollars sur la même période l’an dernier.

L’Afrique, star mondiale de la croissance des deals en capital-risque

Par capital privé, on entend aussi bien le private-equity ou capital-investissement, que le capital-risque, l’investissement dans les infrastructures, la dette privée et l’immobilier. Cependant le financement des jeunes pousses par l’investissement capitalistique connait le plus grand essor actuellement. En 2022 déjà, les levées de fonds en capital-risque ont atteint 6,5 milliards de dollars et ont concerné 853 deals, soit un volume de transactions en hausse de 21% en glissement annuel selon le rapport fraîchement publié par l’AVCA, faisant du continent le numéro un de l’industrie mondiale en termes de croissance du volume des deals devant l’Asie (7%), quand les autres régions du monde (Europe, Amérique, Amérique Latine…) ont enregistré une croissance négative..

« Compte tenu de ses performances impressionnantes au cours des dernières années, on s’attend à ce que l’activité d’investissement en capital-risque reste un moteur de la croissance de l’industrie du capital privé en Afrique en 2023 », explique l’experte. « Le nombre croissant de fonds de capital-risque qui ont récemment atteint leur clôture intermédiaire ou finale et qui sont prêts à investir dans des entreprises en phase de démarrage sur le continent, ajoute-t-elle, renforce encore les attentes associées au rôle crucial du capital-risque dans l’alimentation de la croissance du capital privé en Afrique ».

Ces secteurs « résilients » qui pourraient attirer les investisseurs

Sur le continent, les startups innovantes constituent l’un des facteurs déterminants du dynamisme du marché du capital privé. Ces jeunes pousses évoluent dans divers secteurs ayant souvent la technologie comme dénominateur commun : les fintechs l’emportent largement surtout lorsqu’il s’agit de capital-risque, mais également les technologies de l’information, la santé ou les services de communication. En outre, les secteurs comme la consommation discrétionnaire, les industries et l’immobilier ont également suscité un fort intérêt des investisseurs.

Les experts estiment qu’en raison du contexte économique difficile actuel, les investisseurs seraient beaucoup plus intéressés à miser dans les secteurs « les plus résilients » face aux chocs et ralentissements économiques et qui répondent aux besoins des personnes comme les biens de consommation, l’éducation, les soins de santé et les services publics. Cette tendance est observable depuis l’an dernier dans certains pays d’Afrique du Nord dont l’Egypte, selon les données de l’industrie.

Sénégal, Tunisie …ces marchés émergents

En termes de destination du capital privé, les marchés d’Afrique anglophone (Nigeria, Afrique du Sud, Égypte, Kenya…) devraient rester les plus attractifs pour les investisseurs, en raison de leur longueur d’avance historique.  Cependant, estime l’AVCA, la dynamique affichée par les marchés francophones tels que le Tunisie, le Sénégal et dans une moindre mesure la Côte d’Ivoire -le Maroc était déjà bien positionné-, laisse présager une montée en puissance de ces derniers au cours des prochains mois. Un optimisme des experts motivé par « la mise en œuvre de réformes » au niveau national, favorisant l’investissement en capital.

Challenge

Si le private-equity et le venture capital ont le vent en poupe sur le continent africain, leur prochaine frontière est probablement l’intégration au sens large des petites et moyennes entreprises (PME) du continent, tous secteurs confondus. Ces dernières constituent l’essentiel du tissu économique africain, mais connaissent un besoin criard de financement annuel, évalué à environ 331 milliards de dollars par la Banque mondiale. « En Europe aujourd’hui, à titre d’exemple, de plus en plus d’entreprises en dehors du secteur de la Tech bénéficient de ce type d’investissement. Il n’y a pas de raison que les PME africaines n’évoluent pas dans ce sens », faisait récemment remarquer Me Emilie Silva, avocate d’affaires qui intervient sur des transactions en Afrique.

Il est clair que même si les chiffres des levées de fonds n’égalent pas encore ceux des marchés pionniers en la matière, l’évolution du continent africain -devenu une référence en termes de croissance- retiendra l’attention, ne serait-ce que pour voir jusqu’à quel point le capital privé pourrait révolutionner la pratique du business par les entreprises locales -petites et moyennes- et dépeindre positivement sur la croissance économique régionale.

Source : Afrique Latribune