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Le Sri Lanka reste en crise économique et porte atteinte aux droits humains


Londres (15/11 – 67)

Les rues de Colombo, au Sri Lanka, ont éclaté en célébration le 13 juillet 2022 après des semaines de manifestations pacifiques qui ont forcé le président de l’époque Gotabaya Rajapaksa à fuir le pays. Rajapaksa, longtemps impliqué dans des crimes de guerre lorsqu’il était secrétaire à la Défense, avait présidé à une catastrophe économique au milieu d’allégations de corruption et d’impunité généralisées.

Mais un an plus tard, malgré quelques changements superficiels, on ne constate aucune amélioration durable de la situation économique du pays qui porte atteinte aux droits humains de nombreuses personnes. La grave pénurie de carburant, qui constituait l’aspect le plus visible de la crise économique, s’est atténuée. Mais plus de six millions de personnes – soit près de 30 pour cent de la population – souffrent d’insécurité alimentaire et ont besoin d’une aide humanitaire.selon les Nations Unies. Dix-sept pour cent des enfants de moins de cinq ans présentent un retard de croissance.

Pendant ce temps, le nouveau président, Ranil Wickremesinghe, a utilisé la police et l’armée pourréprimersur les manifestations. Alors que le gouvernement précédent avaita annoncé un moratoiresur le recours à la loi draconienne sur la prévention du terrorisme, Wickremesinghe a utilisé la loi pour arrêter les dirigeants des manifestations étudiantes.

Une version réviséeproposition de loi antiterroristepar la nouvelle administration aurait donné des pouvoirs étendus à la police, à l’armée et au président et aurait créé une série de nouveaux délits liés à la parole. Le gouvernement a été contraint de suspendre l’adoption de la législation face à l’indignation généralisée, mais les autorités ont néanmoins recours à d’autres lois pourréprimer la liberté d’expression.

Le gouvernement continue également de mener des politiques abusives à l’encontre des minorités, telles que «accaparement des terres» dans le nord et l’est, ciblant les terres appartenant aux Tamouls et aux musulmans, y compris les lieux de culte, sous divers prétextes.

Les Tamouls qui cherchent à commémorer les personnes décédées lors de la guerre civile au Sri Lanka entre 1983 et 2009 sont soumis àintimidationetinterdiction des commandes. Les proches des victimes de disparition forcée, qui sontfaire campagne pour la vérité et la responsabilité, sont gardés sous surveillance par les agences de renseignement. Les minorités du nord et de l’est sont confrontées à des restrictions d’expression et d’association bien plus importantes que dans le reste du pays.

Le Sri Lanka reste plongé dans une crise économique, politique et en matière de droits humains. Le président Wickremesinghe devrait reconnaître que le respect des droits et la poursuite des responsabilités pour les crimes graves sont essentiels pour résoudre les problèmes du pays.

Source: Human Rights Watch