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Maroc : La coccinelle « Mas3ouda » au secours de la figue de Barbarie 


Depuis quelques saisons déjà au Maroc, la cochenille Dactylopius opuntiae (CDO) du cactus, un insecte probablement ayant migré d’Espagne, n’a de cesse de ravager et menacer le patrimoine marocain de figue de Barbarie.  

Le Dactylopius opuntiae fait actuellement des ravages dans certaines régions de la Méditerranée, telles que le sud de l’Espagne, ainsi qu’au Maroc, où d’innombrables emplois dépendent des 150 000 hectares actuellement cultivés en figuiers de Barbarie. 

Les autorités agricoles et les différents acteurs de la filière certes, luttent pourtant contre cet insecte ravageur, avec la mise en place de nombreux plans d’action et ce, sans lésiner sur les investissements.  

Mais il semblerait que les divers projets menés, mis à part quelques petites prouesses par-ci par-là n’ont pas été à la hauteur des résultats escomptés pour limiter la propagation de la cochenille avec l’espoir de l’éradiquer définitivement.

Le programme de lutte biologique contre l’insecte dévastateur et l’alternative à des écotypes résistants n’ayant pas donné entièrement leur fruits, on songe à recourir à l’intervention de prédateurs pour éradiquer les insectes.

Il s’agit notamment d’une espèce de coccinelle particulièrement efficace ainsi que des mouches prédatrices. Des essaims de ces insectes importés du Mexique ont été lâchés pour dévorer l’insecte qui décime le cactus Sabra producteur du figuier de Barbarie qui curieusement est originaire des Amériques et non des régions de la Méditerranée, domestiqué en cela au Mexique il y a environ 8 000 ans. 

Dans ce contexte, Rachid Bouhroud, chercheur au Centre National de la Recherche Agronomique (INRA) d’Agadir, a déclaré à Hespress que « les recherches que nous menons pour lutter contre la cochenille sont respectueuses de l’environnement, car nous remplaçons les pesticides par de l’eau et du savon noir outre le processus d’élagage. Ce processus a été complété dernièrement. Il repose désormais et principalement sur la coccinelle trifurcata ou trident importée du Mexique, qui se caractérise par un grand pouvoir prédateur de la cochenille du cactus ».

Le chercheur de l’INRA ajouté que l’expérience de cette lutte biologique a d’entrée montré des résultats positifs. Surnommée « Mas3ouda », qui elle a été relâchée dans la région d’Ait Ba Amrane au sud du Royaume (connue pour sa variété de fruit du figuier Musa, où le cactus avait été endommagé par cet insecte et la coccinelle a réussi à l’éradiquer complètement.  

Notre interlocuteur a en outre indiqué que « grâce à la coccinelle Mas3ouda nous pourrons à l’avenir sauver d’autres variétés de cactées non résistantes à l’insecte cochenille, qu’elles soient situées dans le sud ou le nord du Royaume, une aubaine avec l’autre variété Dalahiya », qui pousse dans le nord du Maroc. Toutes deux sont considérées parmi les meilleures variétés de cactus disponibles sur le marché national. 

Bohroud précise que « cette expérimentation de lutte biologique a été réalisée en partenariat avec l’Institut National de la Recherche Agronomique INRA et la Fondation Dar El-Si Ahmad, en plus de la société SAOAS qui importait des coccinelles trifurcata avec une licence de l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA). Il a ajouté que « sans ce partenariat entre les institutions du secteur public et privé, cette expérience n’aurait pas réussi ».  

De son côté, l’Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires ONSSA a indiqué que « la stratégie qu’il poursuit en matière de lutte contre l’insecte cochenille dans les zones où l’on trouve des cactées est basée sur la non-utilisation de pesticides autres que ceux homologués au niveau national pour traiter cactus ».

« Le processus de lutte contre l’insecte cochenille est mené sous la supervision des services de protection des végétaux de l’office et ne présentent aucun danger pour la santé et la sécurité des humains, des animaux et de l’environnement », ajouté l’ONSSA.

L’office a ajouté que les pesticides chimiques utilisés pour lutter contre l’insecte cochenille ne sont pas utilisés dans les champs pendant la période de récolte des cactus, et que la liste des pesticides agricoles autorisés est publiée sur le site officiel de l’Office.  

Ce dernier a précisé, que “les champs de cactus touchés par le virus sont traités contre l’insecte cochenille par pulvérisation à l’aide de mécanismes manuels, en plus de l’utilisation d’avions“, soulignant que “le traitement aérien des champs de cactus de l’insecte cochenille est effectué à l’aide de matériaux biologiques uniquement“. Et de poursuivre : « Afin d’assurer une utilisation correcte et rationnelle des pesticides agricoles pour lutter contre la cochenille, ONSSA organise des journées de sensibilisation des agriculteurs à l’utilisation ces pesticides, ainsi que des pulvérisateurs“. 

Source: Hespress